Je me souviens parfaitement du moment précis où j'ai posé ma dém. Je crois que je vous en ai déjà parlé, ici ou sur bouillon de luxure, ou sur Twitter, je ne sais plus, Internet est plus vaste que ma mémoire, mais au risque de me répéter, je vais tenter une fois de plus d'exorciser. Une dernière fois. C'était en juin 2007, quand Anémone a répondu à Michel Drucker lequel s'inquiétait de ne pas voir son chihuahua à ses côtés sur le plateau de Vivement Dimanche dont elle était l'invitée : "Turlutte est resté dans sa loge avec l'attachée de presse."
L'attachée de presse c'était moi. C'était à la fois mon prénom et mon nom pendant quelques années. J'avais dû entrer dans le métier l'année des L...
La loge c'était pas la mienne, mais celle de Turlutte.
Turlutte, c'est cet enfoiré de chihuahua.
Ce jour-là, Anémone portait un tee-shirt Equidia qu'un assistant de plateau avait du recouvrir d'un bout de gaffeur, parce qu'on était sur France 2.
Equidia et Turlutte, c'était trop pour moi, j'étais rentrée à l'agence, un peu blême, j'avais dit à mon boss ; "C'est fini." J'avais ce regard vide d'un veau mort de démence. Il avait répondu "mais non !" en rigolant, et m'avait gratifiée d'une petite tape sur l'épaule. Il n'y croyait pas, normal, je lui avais fait le coup cent fois, notamment cette même année, quelques semaines plus tôt, après Cannes.
En mai 2007, au Festival de Cannes, je m'occupais des relations presse d'un docu-fiction présenté à la Quinzaine des Réalisateurs, réalisé par un monsieur talentueux et un peu perché nommé Robinson Devor. Zoo, c'est le titre, vous ne l'avez pas vu en salles, le distributeur a probablement renoncé. On le comprendra.
Zoo est un docu-fiction visant à nous expliquer via interviews, reconstitutions, et images d'archive comment un honnête père de famille cadre chez Boing s'est retrouvé par une nuit d'été à se faire anonymement lourder aux urgences d'un bled non loin de Seattle, où il décédera quelques heures plus tard d'une hémorragie interne massive, une bonne partie des organes internes explosés. Ce monsieur était mort à l'issue d'un coït avec un équidé, lequel avait eu lieu dans une charmante fermette dédiée aux relations sexuelles (et amoureuses) entre chevaux (et poneys), et messieurs.
Docu-fiction tiré d'une histoire vraie bien évidemment, et agrémenté d'une séquence furtive, mais réelle, au cas où t'aurais eu du mal à imaginer tout seul comme un grand un mec se faisant sodomiser par un cheval. Résultat des courses ; dès que j'entends un hénissement, un frisson de terreur parcourt mon colon.
Voilà comment tout s'est enrayé.
Jour 1, j'arrive à Cannes, mon téléphone se met à sonner, (il sonnera beaucoup cette année-là) je décroche : "Oui c'est bien vous l'attachée de presse du docu-fiction primé à Sundance projeté à la Quinzaine ?" Je réponds oui.
Jour 2 : "C'est vous l'attachée de presse du docu-fiction zoophile projeté à la Quinzaine ?" Je réponds oui.
Jour 4 : "C'est vous l'attachée de presse du machin zoophile ?" Je réponds oui.
Jour 6 (je suis très fatiguée) : "C'est vous l'attachée de presse zoophile ?" Je réponds oui.
Il est d'ailleurs surprenant (voire inconscient) qu'on m'ait laissée la charge de Turlutte, malgré ma réputation de zoophile assumée.
Un mois après Cannes, Studio Gabriel, il est 15h, j'ai les mains moites. Même avant de me faire outer, j'étais fébrile.
Le midi, nous étions en interview avec Voici, interview qu'Anémone avait débuté en balançant à brûle-pourpoint qu'elle ne voulait pas d'enfants mais qu'à l'époque elle n'avait pas pu se faire avorter (je n'ai plus les propos exacts mais c'est imprimé quelque part, dans un Voici de 2007). Pendant ce temps, le distributeur m'envoyait des SMS pour s'assurer qu'elle parlait bien du film. J'avais commencé à avoir des spasmes et à resserrer mes doigts fort fort fort autour du cou de Turlutte qui m'avait bouffé la main en représailles. J'avais rien senti grâce à la crise de spasmophilie.
La veille, nous étions chez Bern, pour une émission dont j'ai zappé le nom, j'avais perdu Turlutte dans les coulisses, j'errais donc dans ce studio de la Plaine Saint Denis, en criant "Turlutte !? Tuuuurluuuutte !" J'avais croisé les frères Bogdanoff un peu surpris, à qui j'avais expliqué ma quête, l'un d'eux m'avait dit "bon courage pour Turlutte." Tu réponds quoi à ça ?
C'était compliqué pour moi de raconter mon travail à mes proches sans perdre toute dignité.
- T'as fait quoi hier ?
- J'ai cherché Turlutte avec le soutien d'un frère Bogdanoff. Très sympa.
- Igor ou Grichka ?
- Je sais pas...
- Mais c'est pas censé être ton travail, de savoir ?
- Je sais pas...
J'avais un peu commencé les anti-dépresseurs, et déjà du mal à rassembler mes pensées.
Revenons ce jour de démission, chez Drucker donc, je suis dans la loge, Turlutte dans mes bras (fallait pas le poser. Jamais. Sinon il pètait un câble.), il aboie, me mordille, je le traite de tous les noms, en lui faisant des gratouilles. J'adore les animaux, vraiment, mais lui j'avais vraiment envie de le faire entrer dans un toaster. Turlutte et moi, on a les yeux fixés sur l'écran du retour plateau.
J'entends le fameux : "Turlutte est resté dans sa loge avec l'attachée de presse."
TURLUTTE SE MARRE. Coup de bol pour lui : je n'ai pas de toaster sur moi.
Je regarde le tee-shirt d'Anémone, sous le gaffeur : Equidia. Les chevaux, la zoophilie, Cannes. Turlutte me lèche le visage (nous avions développé une sorte de relation d'amour/haine extrêmement malsaine).
Y a deux meufs de l'équipe qui ouvrent successivement la porte de la loge pour me sortir "lol Turlutte, haha ptdr !" Je reste muette. Ça tourne dans ma tête. Equidia, les chevaux, la zoophilie, Cannes, Turlutte, Ay chihuahua. Qu'est-ce qu'on écrira la semaine prochaine en guise d'épitaphe lorsque je me serai suicidée ? Je claque ma dém.
A la suite de cela, j'ai passé un an sans travailler, sous prozac, volets fermés. Je ne me souviens de rien, si ce n'est que j'étais très démunie et que je souriais tout le temps en pensant à la mort. Pour parfaire le tableau, j'étais célibataire, mon amant ayant mal interprété mon "tu comprends, Turlutte et la zoophilie, séparémment, je pouvais gérer, mais les deux en même temps je sais pas... J'étais pas prête. Oulà, tu peux fermer le volet ? Il fait jour, ça me fait penser à la mort."
Et puis il y a peu, je zappe sur "Fais pas ci, fais par ça", très sympatoche série de France 2 que vous connaissez probablement. Et qui je vois ? Anémone, dans le rôle d'une voisine. Jusqu'ici tout va bien. Et qui je vois dans les bras d'Anémone ? L'infâme Turlutte.
Mon premier réflexe a bien entendu été de lancer la télécommande sur la télévision et d'aller me mettre en position foetale sous une douche froide toute habillée. Mais à peine quelques trentaines d'heures plus tard, j'ai compris, et j'ai souri. J'ai compris que je n'étais pas seule. Que quelque part dans ce monde, quelqu'un d'autre avait craqué. Je vois très bien la scène. Y a un assistant qui a lancé : "putain j'en peux plus de garder cette enflure de Turlutte. On peut pas le laisser à Anémone pendant les prises ?", un autre mec a répondu : "Hors de question, y a pas de chien dans le script." Et là, le gars presque mort à l'intérieur, il a répondu "j'en.ai.rien.à.branler." Les autres, ils ont vu son regard, ils ont capté que c'était le chihuahua à l'écran ou la ceinture d'explosifs sur le plateau et le clébard dans le toaster.
Evidemment, ça règle pas mon problème de chevaux, mais ça fait du bien.
Allez, salut, je vous laisse sur cette vidéo parfaitement obscène.
Sabotache : http://www.actustar.com/37246/anemone-et-turlutte-victimes-d-un-accident-de-la-route/
:-D
Rédigé par : Le Monolecte | dimanche 21 octobre 2012 à 19:16
Je t'ai découverte sur bouillon de luxure où tu as su me faire pouffer de rire toute seule (alors que je suis en période volets fermés) et là, rebelote, je rigole, non, je ris (alors qu'encore une fois en ce moment ce n'est VRAIMENT pas gagné).
Moi aussi ex-attachée de presse, moi aussi démission car marre d'être un paillasson. Bon, suis trop une loque pour écrire (ou me raser) en ce moment mais dieu que c'est bon de te lire!
Rédigé par : cassia | dimanche 21 octobre 2012 à 20:17
ioudge ??
Rédigé par : Zaz | dimanche 21 octobre 2012 à 23:09
Putain iouchdine (oui, je sais c'est pas iouchdine, mais ça me plait trop iouchdine !) t'es ressuscitée ???
Deux mois sans nouvelle ! Non mais t'es pas bien ?
J'ai eu peur que tu te sois suicidée au god explosif, moi.
Bon enfin, je vais pouvoir recommencer à picoler tranquille !
Rédigé par : Annus horribilis | lundi 22 octobre 2012 à 01:39
Pour relativiser, ce qu'il y a de dingue, c'est qu'il y a des gars qui ont été payés pour chanter "le cheval, le cheval, ça m'a pris très tôt". Et le directeur artistique de la pub, derrière la vitre du studio d'enregistrement, devait leur crier : "Plus souriant, plus souriant, on dirait que vous ne pensez pas ce que vous chantez !" Eux, pour le coup, c'est dix ans de volets fermés et une pelletée de Prozac par jour =)
Rédigé par : CrainTyph | lundi 22 octobre 2012 à 09:16
http://yahoo.lavieimmo.com/immobilier-paris-9-36719/stephane-plaza-a-trouve-un-appartement-au-fils-d-anemone-14547.html
Ce lien m'a fait penser à cet article + celui de la vente d'appart avec Stéphane Pizza...
Merci d'avoir égayer ma morne journée !
Rédigé par : Raphaël | mardi 23 octobre 2012 à 17:40
Et sinon Ioudgine, aujourd'hui, tu es plus heureuse ?...
C'est quoi l'espérance de vie d'un chihuahua aussi moche ? On peut espérer qu'il calanche avant sa maîtresse ?
On peut l'aider peut-être ? En lui faisait rencontrer quelques sabots de chevaux ? (j'avais pensé à dire "sexe" mais je me suis dit que ce serait un peu hard). Ça explose un chihuahua sans chaterton ?
Rédigé par : Blonde paresseuse | mercredi 24 octobre 2012 à 17:06
Hormis Turlutte, Anémone, elle peut donner des envies de volets fermés aussi...
Rédigé par : la belette | vendredi 26 octobre 2012 à 19:22
Z'avez pas vu Turlutte ? Oh la la la la la la
Z'avez pas vu Turlutte ? Oh la la la la la la
Z'avez pas vu Turlutte ? Oh la la la la la la
Où est donc passé ce chien
Je le cherche partout
Où est donc passé ce chien
Il va me rendre fou
Où est donc passé ce chien
Oh! Ça y est, je le vois !
Veux tu venir ici,
Je n'le répéterai pas
Veux-tu venir ici,
Mmmmm, sale bête va !
Veux-tu venir ici
Oh! Il est reparti
Où est donc passé ce chien
Je le cherche partout
Où est donc passé ce chien
Il va me rendre fou
Où est donc passé ce chien
Oh! Ça y est je le vois !
C'est bien la dernière fois
Que je te cherche comme ça
Veux tu venir ici
Je n'le répéterai pas
Veux tu venir ici
Oh et ne bouge pas
Veux tu venir ici
Oh yeah ! Satané Turlutte.
Rédigé par : anon | lundi 29 octobre 2012 à 13:37